jeudi 30 mars 2017

Chronique : Je suis ton ombre


Morgane Caussarieu
Auteure francophone (voir le site)
Mnemos (collection poche Hélios)
Fantastique
10,90
331 pages

J'avais eu un véritable coup de cœur l'an dernier pour Dans les Veines, c'est donc avec un grand plaisir que je me suis lancée dans cette suite qui peut se lire indépendamment (même si la lecture a davantage de puissance quand on connaît l'histoire précédente). 

Nous nous retrouvons cette fois en compagnie de Poil de Carotte, un enfant de 12 ans paumé dans nos Landes profondes. Encore une fois, l'auteure nous plonge dans un univers de violence, parfois exceptionnelle (avec des meurtres) parfois courante (malheureusement) : verbale, harcèlement scolaire, pauvreté, cruauté envers les animaux. Je suis passée par des phases j'ai détesté Poil de Carotte pour ce qu'il faisait subir aux autres (la Baudruche ;___;), et par des phases où je l'ai pris en pitié, où j'ai compati pour lui. Car ce pauvre gosse n'a pas du tout une vie facile, pourtant, il est comme vous et moi au départ. J'ai quand même eu du mal à me dire qu'il n'avait que 12 ans et que dire de Melie, 10 ans ? Oo Ça fait flipper !

Clairement, il se passe des choses dérangeantes dans ce roman qui n'est pas à mettre entre toutes les mains. Pourtant, rien n'est banalisé et chaque acte cruel est soit justifié, soit accompagné de remords ou de doutes. Rien n'est réellement gratuit. Et c'est habile car on est quasiment obligé de prendre le parti de Poil de Carotte : ce n'est qu'un enfant à l'enfance brisée, délaissé par son père, qui a dû grandir trop vite et qui doit porter de lourdes responsabilités. Ses erreurs, qui peut garantir que nous ne les aurions pas faites également ? Qu'avons-nous fait dans notre enfance pour gagner l'intérêt des caïds de la cour de récré ? Bon, Poil de Carotte va tout de même loin, je ne peux cautionner certains de ses actes mais impossible de le condamner pour autant.

La plume de Morgane est moderne, crue, violente, vulgaire et pourtant c'est un régal à lire. Cela colle à merveille au thème, aux personnages et au lieu. Il y a toute une partie qui se déroule dans le passé au niveau de la Nouvelle Orléans et des Bayous si chers au cœur de l'auteure. Dans cette partie, la plume change pour s'adapter aux personnages et à l'époque. 

L'ensemble sonne très juste. Je n'ai pas grandi dans les Landes, mais je les connais un peu, une de mes meilleures amies (qui était au lycée avec l'auteure d'ailleurs) est une pure Landaise donc je sais comment c'est, je sais que l'auteure y dépeint une vérité crue. Cela se ressent et donne une grande authenticité aux descriptions et à l'ambiance. De la même manière, l'immersion dans le Bayou était très travaillée

Ici, nous en apprenons davantage sur Gabriel, l'enfant vampire découvert dans le précédent roman. Son enfance est atypique, à la hauteur du personnage. J'ai été contente de suivre son histoire et de connaître le contexte de sa transformation en vampire. D'ailleurs, la vision de l'origine vampirique de l'auteure est originale, ça change ! Quant au titre, je m'interroge encore : s'agit-il du verbe "être" ou bien du verbe "suivre" ? Les deux collent, je me demande si c'est voulu !

Bref, ce n'est pas un coup de cœur mais c'est uniquement parce que Dans les veines avait placé la barre très haut ! Ce roman est dur, glauque, réaliste, intelligent. C'est assez intimiste et j'ai eu plusieurs fois l'impression d'être un voyeur, d'assister à des scènes auxquelles je n'aurais pas dû avoir accès. 

En conclusion, j'ai adoré ma lecture et j'ai vraiment hâte de lire son prochain roman. Toutefois, ce roman ne conviendra pas à tout le monde. Vous voilà prévenus !  

*Cette lecture entre dans le cadre de mon mini-challenge du mois de mars : Lire un livre dont vous avez choisi la couleur dominante (ici le rouge)

Ma note : :star::star::star::star::star:

 


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